Anne-Marie Gagné, professeur à distance du Département Sciences humaines, Lettres et Communications de la TÉLUQ et membre du SPPTU

Enseigner dans une université à distance

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« Comment enseigner dans une université à distance ? »  C’est la question à laquelle Anne-Marie Gagné, professeure du Département des Sciences humaines, Lettres et Communications de la TÉLUQ et membre du SPPTU répond à l’aide de son expérience en tant que professeure à distance.

Enseigner dans une université à distance

« Si tu n’as pas d’étudiants devant toi, comment enseignes-tu ? »  Voilà une question que me pose régulièrement mon entourage : mes amis, ma famille et aussi mes collègues qui enseignent sur campus. Démystifions un peu le volet « enseignement »  de la tâche professorale dans une université à distance

Non, je n’enseigne pas devant un groupe! J’enseigne à plusieurs étudiants, partout au Québec, et parfois même dans d’autres pays (j’enseigne présentement à des étudiants qui se trouvent aux États-Unis, au Maroc et en Suisse). Mes étudiants sont inscrits dans les programmes de communication ou de relations publiques de la TÉLUQ et prennent des cours à distance.  Ils peuvent me joindre pratiquement en tout temps, par courriel. S’ils doivent me parler de vive voix,  ils peuvent me joindre à mon bureau ou alors nous convenons d’un rendez-vous téléphonique.

Être disponible en tout temps

J’enseigne présentement à près de 80 étudiants, de manière individualisée. Je leur donne des explications sur le contenu de la matière, je réponds à leurs questions, je les aide à répartir correctement leur charge de travail et à se préparer à leurs examens. Je leur donne aussi de la rétroaction sur les travaux que je corrige afin de favoriser leurs apprentissages. Comme plusieurs de mes étudiants occupent des emplois à temps complet ou partiel et profitent des weekends pour étudier, je m’assure d’être le plus souvent disponible les vendredis (comme un professeur sur campus qui serait présent à son bureau pour répondre aux questions de ses étudiants). En effet, je reçois souvent des appels ou des courriels avant le début du weekend de la part d’étudiants qui se préparent à un examen qu’ils devront passer en ligne ou un travail de session qu’ils souhaitent remettre au début de la semaine suivante.

Les méthodes d’enseignement à distance

Comme professeure, je développe évidemment des cours dans mon domaine de spécialisation : les communications et les relations publiques. Tous mes cours sont offerts en ligne, en mode asynchrone. Ils peuvent donc être suivis par les étudiants en tout temps, à l’heure qui leur convient.  Mes étudiants reçoivent donc l’adresse de leur site Web de cours ainsi que le matériel pédagogique (manuel de base, recueil de textes, en format papier ou numérique, par exemple).  Dans certains cours, je me suis fait filmer pour livrer le contenu de la matière. Dans d’autres cours, j’ai invité des spécialistes du domaine des relations publiques et des communications qui sont venus parler d’un aspect de leur profession en lien avec la matière. J’utilise toujours une variété d’outils pédagogiques afin de favoriser les apprentissages de mes étudiants : quiz en ligne, capsules audio, activités d’apprentissage non-notées, etc.  Certains de mes collègues professeurs utilisent des blogues, des balado-diffusions, des sites webs collaboratifs, des simulations, etc. Présentement, j’enseigne 5 cours que je dois continuellement tenir à jour.

Au total, j’ai développé 9 cours depuis mon arrivée à la TÉLUQ, en 2009. J’ai parfois eu recours à des spécialistes en sciences de l’éducation, parfois non, selon la nature du cours. Les professeurs ont le soutien d’un service technopédagogique pour les aider dans les volets  création, pédagogie et production de leurs cours.  Les professionnels de ce service comprennent notamment des programmeurs, des réviseurs linguistiques, des designers graphiques, des spécialistes en développement web, des spécialistes de l’ingénierie pédagogique et des spécialistes de la réalisation et de la production audiovisuelle, etc.

À la fin du mois d’avril, je sais que je me ferai poser la question : « Alors, la session achève! Tu dois être contente ! Tu auras l’été de congé ! ». Ça me fait toujours rigoler. Primo, parce qu’à l’Université TÉLUQ, les inscriptions se font en continu et qu’à l’été, nos étudiants continuent d’étudier et moi, de leur enseigner! Secundo, parce que les gens oublient souvent qu’être professeure, c’est aussi faire de la recherche et du service à la collectivité ! Je ne vous ai parlé que du volet « enseignement » de ma tâche de travail. Un volet qui me passionne, certes. Vous constaterez que mes collègues et moi sommes aussi beaucoup investis en recherche.

En somme, est-ce que le travail d’un professeur à distance se distingue énormément de celui d’un professeur d’université sur campus ? Oui et non. Nos façons de diffuser nos cours diffèrent. Nous n’enseignons pas en salle de classe. Cependant, lorsque je parle à mes étudiants, que je réponds à leurs questions et que je leur partage un article intéressant, la distance, je ne la sens pas. Lorsque je développe un nouveau cours et que je dois trouver des façons de faire pour le rendre le plus « vivant » possible « malgré » la distance afin de répondre aux objectifs d’apprentissage, la distance, je ne la vois certainement pas comme un obstacle, mais  plutôt comme un défi extrêmement motivant !